Le 17 mai dernier, une soixantaine d’élus et de professionnels participaient à l’Atelier des territoires n°13, co-organisé par les CAUE de l’Aude et de l’Hérault à Félines-Minervois et à Colombiers (34). Récit en images et en vidéos de cette journée dédiée à la manière de “Recomposer une centralité”.
À 10 h, le groupe avait rendez-vous sur la place de la mairie de Félines-Minervois. En guise d’introduction, Julie GARCIN-SAUDO, présidente du CAUE 34 et conseillère départementale du canton de Pézenas, a salué la collaboration des deux CAUE et remercié les participants : “Sensibilisée par l’architecture professionnellement, je ne peux que me réjouir de voir des élus et des professionnels locaux s’intéresser à notre quotidien, à l’aménagement du territoire”.
Puis, Jean-Pierre PASTRE, maire de Félines-Minervois, a présenté l’exemple de sa commune. Du plan-programme aux réalisations, dix années ont été dédiées à sa réorganisation : “À partir de 2008, le village s’est reconstruit sur un projet poétique de déambulation …/… Ce qui est important quand on fait quelque chose, c’est de lui donner du sens. Pourquoi je le fais ? Pour qui ? Pourquoi je le fais là ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça va accélérer ou freiner la déambulation ? Est-ce que si ça la freine, les gens auront le temps de se regarder, de se dire des mots d’amour et de passer un moment agréable ensemble ? La modification urbaine de ce village, elle est partie de là…” [ La suite en vidéo ]
En tout, les travaux s’élèvent à 3 M€ d’investissement, dont 2,5 M€ de subventions et 500 000 € d’auto-investissement. C’était la seule chose que la commune pouvait supporter financièrement. Comme le rappelle Jean-Pierre PASTRE, il y a le projet certes, mais il y a le concret : “On s’engage à ne pas augmenter les impôts. Donc l’argent, il a fallu aller le chercher.”
Dès le début de cette aventure, le CAUE de l’Hérault a été sollicité pour accompagner la commune. Serena PALAZZI, architecte et paysagiste conseillère, et Alain PÉREZ, architecte et urbaniste conseiller au CAUE 34, reviennent sur ces débuts… [ La suite en vidéo ]
Le village de Félines-Minervois s’étire sur un axe nord-sud. L’espace public est apparu comme l’élément fédérateur du projet. Un premier cheminement piéton traversant le village avait été imaginé par les élus. Pour lui donner plus de force et de pertinence, le CAUE 34 avec la commune a remanié son tracé afin qu’il relie les espaces publics majeurs, comme la place de la mairie, les équipements existants et ceux à venir, comme le foyer rural ou les logements et les extensions futures…
La réalisation de son tracé ne fut pas toujours facile à expliquer à tout le monde… Il a fallu démolir un logement et restructurer les abords de la médiathèque. “Ce qui a nécessité quelques discussions avec les habitants” se souvient Jean-Pierre PASTRE.
Depuis le début de cette démarche, le village a connu un bel essor démographique : de 390 à 490 habitants entre 2008 et 2018, dont 18 à 45 enfants. “On a transformé le village avec les anciens, car on avait une histoire à raconter. Mais on l’a fait aussi avec ceux qui sont venus depuis” explique le maire. Et pour que la métamorphose se passe au mieux, les élus ont veillé à ce que le projet soit réalisé avec les habitants. “Notre parti pris était le suivant : autant de moyens humains et financiers dans la transformation urbanistique et dans la matière, que dans l’esprit et dans la conscience” confie le maire. C’est ainsi que plusieurs actions fédératrices ont été menées : un programme artistique, des activités culturelles, de l’argent donné à la vie associative, à l’école… Un pari réussi !
À l’issue de ces explications, le groupe entame sa déambulation dans le village et fait une halte pour voir comment est construit ce village typique du Minervois des Piémonts et son rapport au paysage. “Première préoccupation : nous ne ferons rien qui empêche les populations à venir d’avoir devant eux ce spectacle !“ [ La suite en vidéo ]
La visite se poursuit le long de la voie douce.
En chemin, le groupe passe devant l’épicerie communale, la caserne des sapeurs pompiers (équipée de panneaux photovoltaïques), puis devant le nouveau foyer rural. Reconstruit en lieu et place de l’ancien, il contribue avec la poste, la médiathèque et l’épicerie à créer un lieu central pour la vie du village.
Matthieu COURTIADE, l’architecte du foyer, présente le projet et ses étapes préalables… [ La suite en vidéo ]
Nouvel arrêt face aux logements sociaux : six maisons locatives labellisées Basse Consommation, réalisées par CoO architectes, Hérault habitat étant le maître d’ouvrage.
“Nous sommes à l’arrière de la cave coopérative et derrière les dernières maisons du village” situe Alain PÉREZ. “Le scénario qui se profilait était de diviser le terrain en 6 lots et poser une maison sur chacun avec une desserte en impasse. Il y avait ici un enjeu de centralité, le CAUE 34 a émis des préconisations pour que la voie douce passe là et que les 6 maisons participent à sa « fabrication » en lui faisant face. Les architectes ont joué le jeu, malgré les fortes contraintes économiques imposées par le maître d’ouvrage et… nous sommes très contents du résultat !“
Ainsi s’achève la visite de Félines-Minervois, mais pas ses travaux ! En effet, sa voie douce est tracée mais que très partiellement aménagée. Et le CAUE 34 est en outre sollicité pour poursuivre une réflexion sur l’épicerie communale et le centre historique-ancien.
L’après-midi, la journée continue à Colombiers, sur la place de l’Église.C’est tout d’abord Alain CARALP, maire de Colombiers et président de la Communauté de communes La Domitienne, qui présente le village et les enjeux de sa restructuration.”Nous sommes ici sur le site médiéval de la commune …/…Tous les lieux que nous allons rencontrer ont été complètement transformés, pour ne pas dire “révolutionnés”. Ce qui fait le charme et la qualité de Colombiers, c’est qu’il est “lové” dans le canal du midi…” [ La suite en vidéo ]
Patrick BUFFARD, architecte conseiller au CAUE 34, expose le développement urbain de la commune, avec d’un côté le centre ancien, son enceinte médiévale, les extensions de la ville classique et de la ville du XIXe siècle, et de l’autre côté, les extensions urbaines pavillonnaires réalisées dans les années 70. Deux ensembles séparés par l’ancienne via domitia où circulent actuellement entre 9 000 et 10 000 véhicules par jour… [ La suite en vidéo ]
Après cette introduction, direction l’Hôtel de Ville ! “C’était autrefois un bâtiment viticole auquel était accolée une ancienne remise“, explique Patrick BUFFARD. “Les élus de la commune sont venus interroger le CAUE 34 en nous disant : Nous souhaitons déplacer la mairie située dans le centre ancien, on est trop à l’étroit dans les locaux, on a des problèmes de stationnement, la salle du conseil municipal est trop petite, on veut déménager… Plusieurs sites nous intéressent… On a besoin de vous pour nous aider à faire un choix.“Et que leur a répondu le CAUE 34 d’après vous ? [ La suite en vidéo ]
Après une rapide visite de l’Hôtel de Ville, en route vers le port ! Mais avant d’emprunter la passerelle qui enjambe le canal du midi, le groupe s’arrête devant les logements neufs.”Pour créer une centralité, il fallait transformer le caractère très routier des deux départementales qui traversent Colombiers, dont celle que nous voyons ici” précise Patrick BUFFARD, afin de “rendre cet espace public aux piétons et effacer la coupure réalisée par la voie” qui empêchait de voir le canal. Le CAUE 34 suggère l’idée d’un plateau où on allait pouvoir traverser et joindre le centre ancien et le port avec ses restaurants, ses commerces… Tout en mettant en valeur le canal du midi et offrir aux usagers un joli panorama.
Un travail sur la gestion du stationnement était également nécessaire. Très vite, le maître d’œuvre en charge des travaux préconise de modifier l’amphithéâtre existant, principalement pour des raisons d’accessibilité. Comme à Félines-Minervois, casser pour “mieux” reconstruire n’est pas toujours facile à défendre auprès des administrés… D’autant que cela impliquait quelques centaines de milliers d’euros à rajouter au budget de la restructuration.Toutefois, les élus ont été convaincus et aujourd’hui, le nouvel amphithéâtre accueille des spectacles scolaires, une soirée musicale sur le port… C’est un équipement très important dans la vie de la commune.
Laurence BORREDON, architecte et urbaniste, agence “Pour une ville aimable”, a travaillé à la restructuration des espaces publics associés à l’opération “coeur de village” et à l’avenue de Béziers. Elle nous parle de son travail le long du canal… [ La suite en vidéo ]
Jérôme CLASSE, paysagiste concepteur, aborde la question des plantations. “On s’est appliqué à venir souligner et à accompagner ce qu’on redécouvrait tout en amenant l’identité végétale la plus importante possible dans le cœur de bourg“ [ La suite en vidéo ]
Au total, les travaux de Colombiers représente un coût de 2,2 M€. Et ce n’est pas fini ! Dans les projets à venir : la construction de la médiathèque et la restructuration des bâtiments du port.
L’Atelier des territoires n°13 s’est achevé par des échanges entre les intervenants et les participants à l’amphithéâtre du port, et la visite de l’ancienne cave du château de Colombiers.
Depuis, la commune de Colombiers a appris qu’elle était lauréate des Défis Urbains, pour le projet du port de Colombiers dans la catégorie « Création de Centralité ».
Ils visent à récompenser les meilleures stratégies/opérations au sens de leur impact sur le développement et le renouvellement urbain. La cérémonie de remise des prix 2018 aura lieu le lundi 25 juin à 18h30 au Grand Hôtel Intercontinental Opéra à Paris.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’issue des résultats dans notre newsletter de juillet.