À la demande de leur enseignant au lycée Jean Monnet, le CAUE de l’Hérault a organisé pour des lycéennes de terminale spécialité Histoire des Arts, une visite de la chapelle Saint-François de la Pierre-Rouge, à Montpellier.
Dans le cadre du nouveau programme du bac qui aborde l’architecture de Viollet-le-Duc, les élèves avaient visité au préalable la Cité de Carcassonne et étudié les aménagements néogothiques de la cathédrale Saint-Pierre à Montpellier. En complément de l’étude de l’architecture néogothique, la visite de la chapelle Saint-François de la Pierre-Rouge a permis à 34 lycéennes de découvrir ce dernier exemple d’édifice religieux néogothique de la région.
M. Nicolas GIRAUD, président du conseil d’administration et directeur général de l’Enclos Saint-François de la Pierre-Rouge, a accueilli les participants et commenté la visite, en rappelant le rôle essentiel joué par l’abbé PRÉVOST dans la constitution et le développement de cette institution religieuse d’enseignement.
Situé aux portes nord-est de la ville, dans l’Enclos Saint-François de la Pierre-Rouge, la chapelle est en effet l’œuvre de l’abbé PRÉVOST (1870-1957), qui choisit la prêtrise après avoir débuté une carrière d’avocat. En 1907, le cardinal de Cabrières lui confia la gestion de l’orphelinat Saint-François, qui avait été créé par les sœurs franciscaines de Notre-Dame-du-Calvaire de Grèzes (Aveyron), en 1885. Seul héritier de la fortune familiale, l’abbé Prévost mena une campagne systématique d’agrandissement, en faisant l’acquisition de maisons et terrains autour de l’établissement initial. En 1909, il construisit un bâtiment pour abriter le futur collège (à l’époque, ce terme englobait les écoles primaires, collèges et lycées actuels). Il se voua à l’instruction des élèves de façon originale, en leur offrant un enseignement pluridisciplinaire : éducation intellectuelle, spirituelle, artistique, sportive, sociale, artisanale (ferronnerie, menuiserie).
En 1909 toujours, il débuta la construction de la chapelle, qu’il voulut de style néogothique. L’architecte Julien BOUDES fut choisi pour concevoir le projet de cet édifice d’exception, qui fut consacré en 1913. (À noter que ce même architecte est également l’auteur de l’église Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (1932-1942, avenue d’Assas), de style mi-Art Déco et mi-néo-byzantin).
Les architectes du CAUE 34 ont questionné les élèves sur les principales caractéristiques permettant de différencier les édifices religieux gothiques des édifices romans : arc brisé (plus résistant que l’arc en plein cintre de la période romane), voûte sur croisée d’ogives (dont les nervures reposent sur des piliers, plutôt que la voûte en berceau ou la voûte d’arêtes), arcs-boutants acheminant la poussée des voûtes vers des piliers de culée ou contreforts (plutôt que des contreforts accolés aux murs extérieurs), hauteur importante de l’édifice (plutôt que silhouette « trapue »), grands vitraux et rose (au lieu de vitraux étroits)…
Les lycéennes ont ensuite eu le privilège de visiter la chapelle, dont la hauteur intérieure est de 29 mètres (l’équivalent de 10 étages !) et d’admirer son décor intérieur (sculptures, peintures, vitraux de Félix Gaudin (maître verrier clermontois), grilles de clôture en ferronnerie et bancs en bois réalisés par les élèves…). Pour l’abbé Prévost, la beauté constituait une valeur à portée éducative et la fréquentation de cet établissement a permis l’éclosion de véritables vocations artistiques.
Le “point d’orgue” de la visite a été la découverte des tribunes et de la crypte, choisie comme dernière demeure par l’abbé Prévost.
Le CAUE 34 a remis aux participantes un petit livret réalisé pour l’occasion, qui résume l’historique des lieux et présente les édifices qui ont inspiré l’architecture de la chapelle (le portail de la façade principale, par exemple, s’inspire du portail latéral de la cathédrale Saint-Pierre, construit une trentaine d’années auparavant).
La société à but non lucratif – qui gère les lieux depuis 1928 – poursuit les principales missions voulues par l’abbé PRÉVOST, qui concernaient plusieurs domaines : religieux, social, éducatif et culturel.
La chapelle, inscrite au titre des monuments historiques, est ouverte au public à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.